Évidemment, je commence par un coup de gueule

Vendredi dernier, j’ai perdu ma principale source de revenus. Ou c’est cette agence qui m’a perdue. Ou un peu des deux, peut-être…

Quoi qu’il en soit, j’ai été contactée par cette cliente fidèle depuis le début de mon activité, me signalant que dans un avenir très proche, l’institution internationale pour laquelle j’effectue des traductions en sous-traitance passerait à la postédition. Prétextant un douteux gain de productivité, on me demande par conséquent de baisser mes tarifs. Je n’ai jamais réellement fait de postédition, et la qualité généralement médiocre des traductions automatiques me laisse à penser que ce gain de productivité est un argument fallacieux, d’autant plus que le client final est particulièrement pointilleux concernant la précision et le résultat des traductions. Ce « gain » ne compenserait de toute façon pas la perte subie lorsqu’on m’a imposé de travailler avec l’interface de TAO en ligne la plus déplorable, la moins ergonomique, et probablement la plus onéreuse du marché de la traduction professionnelle, qui ne doit sa popularité qu’à son ancienneté et à son statut quasi monopolistique (et cela doit bien aider que l’agence qui m’emploie ait racheté l’entreprise qui la commet l’année dernière). Par ailleurs, mes tarifs, qui étaient raisonnables en 2005, n’ont pas été augmentés pour ce client depuis dix-huit ans – contrairement au coût de la vie – et une mise à niveau m’avait même été refusée il y a quelques années. Il était donc hors de question de sacrifier encore plus mes honoraires.
Mon estime de moi, la valeur que j’accordais à mon travail, à ma rigueur, a été particulièrement touchée par cette réduction de ma fonction à une simple inspectrice des travaux finis et mal faits par une intelligence artificielle.

Cependant, malgré la désastreuse situation financière dans laquelle cette nouvelle me plonge, elle m’amène à une réflexion sur mon exercice, sur la qualité de la clientèle à laquelle je désire désormais proposer mes services. Si je ne peux pas vraiment survivre avec les deux ou trois agences occasionnelles qui me restent, je vais reprendre un démarchage à la fois plus intense, mais aussi plus sélectif, correspondant à mes valeurs, dans le respect de ma déontologie et de ma personne. Je n’accepterai plus de travailler à des tarifs dégradants au prétexte qu’on me proposerait du volume.
Je profiterai également de ce temps pour me former à la rédaction technique, à l’écriture non sexiste ou inclusive, etc. Et si je désire me spécialiser dans les travaux d’aiguille, le CPF finance même l’apprentissage des techniques de dentelle du Puy !

Les mois qui viennent seront financièrement contraignants et difficiles, mais je m’en sortirai, et à défaut d’avoir la clientèle dont je rêve, j’aurai celle avec laquelle j’aspire à collaborer.

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